Je m’intéresse depuis longtemps à ce concept -parmi d’autres comme l’expérience de Milgram-, parce qu’il permet de prendre du recul sur les évolutions de nos sociétés.
Au quotidien, on ne perçoit pas les mutations de notre monde. C’est quand on se pose et quand on se rappelle comment étaient les choses 10, 15 ou 20 ans avant qu’on en prend conscience. C’est un peu comme se regarder dans le miroir tous les matins et un beau jour ressortir une photo prise 10 ans plus tôt. Le contraste devient perceptible, voire saisissant.
La fenêtre d’Overton est un concept fin et intéressant, bien connu des milieux de la communication. Pour simplifier, l’idée est que le champ de l’acceptable (métaphore de la fenêtre) pour une population est en perpétuel déplacement, en fonction de paramètres multiples qui impactent l’opinion (médias, pouvoir et contre pouvoirs, faits divers, lois, état général de la société, climat ambiant, etc.).
Ainsi, ce qui était impensable hier peut devenir acceptable, voire évident aujourd’hui pour une majorité. C’est le cas de mutations que je qualifierais de souhaitables, qui constituent un vrai progrès : par exemple, les évolutions des droits des femmes comme le droit de vote, l’IVG… Je pense aussi au mariage homosexuel, dont le curseur d’acceptabilité a bien évolué.
Mais ce concept peut aussi concerner des évolutions plus dangereuses et être employé comme stratégie de manipulation des masses : adopter un discours extrême, violent, provocateur, peut insidieusement déplacer la fenêtre de l’acceptable et conduire à faire admettre comme finalement pas si dérangeants des propos un peu moins extrémistes, un peu moins discriminatoires, mais extrémistes et discriminatoires quand même.
En cela les partis d’extrême droite ont, je pense, réalisé un coup de maître dans leur communication qui contribue à leur dé-diabolisation. L’impensable est devenu acceptable pour beaucoup.
Je ne parle jamais politique dans mes posts, mais je pense qu’il peut être bon de se méfier des traits adoucis avec le temps. Ce n'est pas parce que les choses sont immergées qu'elles n'existent pas. L'iceberg ne montre que 10% de sa réalité...
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