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Photo du rédacteurStéphanie Lambert-Mesguich

[Là où commence le voyage]


lever du soleil à Ajaccio
Ajaccio, 5h45, 28 juillet 2023

Une interview récente de Jean-Marc Jancovici sur France Inter, un article des Échos (Quelle place pour l'inattendu dans une société hyperdocumentée ?), mon expérience en tant qu’ancienne entrepreneur dans le tourisme et mon retour de Corse pas plus tard qu’hier m’ont interpellée sur cette réflexion :




Notre société de consommation, du numérique, de l’immédiateté, du zapping (un clic suffit) n’a-t-elle pas légèrement écorné l’essence même de l’idée du voyage ?


Née dans les années 70, je garde de doux souvenirs des départs en vacances : la liste des affaires à prévoir, la joie de ressortir les jeux de plage et les maillots, la valise qui se remplissait quelques jours avant le départ, le chargement optimisé du coffre de la voiture, et la magie de la route des vacances (malgré ces aléas) avec la carte Michelin sur les genoux.


Le voyage avait commencé bien avant l’arrivée à destination. Et cela ajoutait une certaine «valeur» à ces vacances pourtant modestes à quelques centaines de kilomètres de chez nous.


Hier matin à 6 heures j’étais à Ajaccio dans mon appartement et j’observais le lever du soleil dans le golfe. À 10h30, j’ouvrais la porte de ma maison de Bordeaux. Malgré le confort et l’extrême rapidité de ce trajet en avion (réservé en 3 clics et 40 euros…), je me suis sentie déboussolée de passer d’un monde à l’autre, comme ça, ignorant toutes les étapes, tous les espaces, les richesses, les changements progressifs de décors, de végétation, de style architectural, qui se trouvaient quelques 10000 mètres plus bas.


Définitivement je préférerai donc le bateau. Pour savourer la progressivité des choses, pour prendre conscience que le voyage ne commence pas une fois arrivé à destination, mais bien avant. Pour rompre avec cette idée d’être toujours pressé.


Parce que prendre le temps fait du bien, redevenir nomade aussi. Et aussi parce que les aléas du voyage font partie du jeu, et seront même porteurs de souvenirs.


Parce que la vie est un voyage.


Photo Stéphanie Lambert-Mesguich, 28 juillet 2023 à 5h45, à Ajaccio.


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