Dans mon premier livre « Je leur dirai que j’ai rêvé », l’héroïne confie à son compagnon qu’elle écrit des histoires, « à défaut de les vivre ».
Elle justifie sa démarche et avoue qu’en écrivant ce qu’elle n’oserait pas vivre, elle s’épargne une certaine prise de risque, voire de mise en danger.
Me concernant, je n’ai pas spécialement envie de vivre ce que j’écris. L’écriture est plutôt une forme de réflexion -et d’amusement- qui me permet de défier le temps :
- j’envisage des hypothèses quant aux choix de vie de mes personnages. Le fameux « et si… ». (Et si Julie revoyait son ancienne harceleuse, et si elle recroisait le chemin de Vincent, et si…). - L’écriture m’offre le luxe de pouvoir imaginer une infinité de possibilités, de pouvoir faire revenir à tout moment un protagoniste, « pour voir » (ou plutôt imaginer) les conséquences d’un tel événement.
Écrire des histoires, c’est pour moi un peu comme construire un arbre avec autant de personnages que de feuilles, et des branches souvent logiques dans leur direction, mais parfois aussi surprenantes dans leurs changements de cap.
C’est aussi créer des concours de circonstances qui peuvent changer le cours d’une vie en une fraction de seconde, parce que la vie ne tient parfois pas à grand chose.
C’est enfin, d’une certaine manière, aimer suffisamment la vie pour en imaginer une arborescence de possibilités, en vivant un peu avec ses personnages, dans ses écrits et dans ses rêves, mais en se réveillant à chaque fois sereinement, puisque tout cela n’est que fiction…
Comments