Avant, à la place de cette friche, il y avait un autre bâtiment qui abritait un commerce et un grand parking couvert de bitume. Cet espace, à l’abandon depuis 2-3 ans, montre que la nature a repris le dessus.
Face à ce décor, témoin du passage de l’homme puis de son départ, je me suis mise à extrapoler, et à douter, moi, la soi-disant optimiste.
Je me suis rappelée l’œuvre de George Orwell, j’ai pensé à La Planète des Singes. Puis mon esprit s’est encombré de tous les bouleversements de ce début de décennie qui remettent en cause un système, un paradigme, un type de société : Covid, guerre, montée des extrémismes, menaces totalitaires, dérèglement climatique indéniable même pour les plus sceptiques.
Moi, la soi-disant optimiste, je me dis que l’avenir n’a jamais été aussi incertain, que l’humanité est en péril imminent, que notre modèle a montré ses limites et son pouvoir de destruction, qu’à ce rythme ce ne sont pas nos descendants lointains mais nos enfants, nos petits enfants, qui sont en première ligne.
Je me mets à douter, à m’interroger sur le bien fondé des sujets que j’aborde dans mon premier et bientôt mon second livre : des sujets de société -routine, couple, société de consommation, etc.- qui peuvent paraître un peu légers voire futiles au regard des bouleversements majeurs qui nous guettent.
Je pense à tout cela quand soudain, tel un boomerang, mon optimisme me rattrape.
Car si j’aborde des sujets « légers » comparés aux risques qui nous menacent, je remets en question les dérives de notre société, ses diktats, l’absurdité de notre monde, d’un système qui fabrique des inégalités, qui exclut les plus vulnérables, qui gaspille les ressources, qui est finalement responsable des dangers évoqués plus haut.
Alors je me dis que ce que je produis à travers la fiction n’est pas complètement inutile. Nous tous, auteurs, scénaristes, comédiens, peintres, photographes, bref, artistes, sommes là pour bousculer, inciter au questionnement, au doute, à la réflexion.
Rien n’est futile, donc à mon échelle, je tenterai de contribuer, encore, à cette noble mission : éveiller les esprits.
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